vendredi 17 juillet 2009

Le Miel et les ouailles











Le miel.









La grande église au milieu de nulle part entre Gitega et Karuzi.






Paysages. Cultures et collines embrumées le matin. Région de Gitega .














Nous quittons le matin Gitega par la piste qui rejoint Ngozi en passant par Karuzi.
De beaux paysages de colline vertes de cultures s’offrent à nous. La route est facile mais un peu chaotique par moment. A certains endroits on coupe des arbres sur les bas côtés en vue de l’aménagement de la route (elle sera bitumée), on en trouve donc en travers , cela nous ralentis bien mais pas grave ….
Le jour est levé depuis peu seulement et la brume du matin recouvre toutes les vallées . C’est magnifique.
A un croisement voilà que l’on se trouve soudain devant un immense bâtiment , avec rien ou presque autour…C’est une église de briques rouges, vraiment immense et on se demande comment on a pu la construire là au milieu de nulle part… A l ‘époque cela a dû être un grand et long chantier, bien que les briques sont fabriquées localement avec la terre partout dans le pays. D’après mes infos elle aurait été construite en 1897.
Nous décidons de nous arrêter et de la visiter.
A l’intérieur c’est immense , il y a plein de longs bancs en bois . Sur le côté gauche c’est la communion ou les confidences, je ne sais trop car ce n’est pas mon rayon, mais il y a du monde et certains ont même garé là à l’intérieur leur vélo, sans doute pour éviter de se les faire voler.
En sortant une foule nous attend, il faut dire qu’au Burundi la présence de blancs est un spectacle, certains jeunes n’en ayant jamais vu…Et comme on comprend parfaitement le kirundi , si vous voyez, les échanges de paroles ne sont pas toujours faciles. Toujours est il qu’en sortant de l’église c’est comme si des mariés étaient attendus, on se presse vers nous , la foule se ressert . Des femmes passent furtivement leurs mains sur moi au passage, tout en rigolant, c’est comme un jeu…Cela devient même un peu oppressant et il arrive du monde de partout , de je ne sais trop d’où…Comme c’est dimanche , je suppose que les gens sont venus à pied des alentours, de leur village et de Karuzi (qui est considéré comme une petite ville, mais de part sa taille et nos conceptions, pour nous il tient plus du village ).Il est donc temps de partir avant de créer une émeute !
Plus loin sur cette route, nous traversons une forêt d’eucalyptus quand une délicieuse odeur vient nous chatouiller les narines… C’est du miel ! Il doit y avoir des ruches tout près pour que ça sente fort comme ça ! Comme des pygmées on ne résiste pas à cette délicieuse odeur, alors on s’arrête et allons voir où donc se trouvent ces ruches. Il n’y a qu’à suivre le nez en l’air ! Mais elle ne sont pas loin et on les rejoint à pied par un petit sentier. Ce sont des ruches traditionnelles aux formes rondes et allongées, installées en hauteur et en parallèle du sol. Rien à voir avec nos ruches carrées et peintes, ici c’est du 100% naturel. J’apprendrais plus tard d’ailleurs qu’un essai de ruches « européennes » a été tenté en lisière de la Réserve de la Ruvubu mais les abeilles ont totalement ignoré cet habitat moderne ! Encore un micro projet pour rien , car après tout pourquoi ne pas faire avec ce qui existe déjà et fonctionne très bien depuis kalakala*... ?!

Du monde est déjà là autour de nous bien sûr, ils sont venus de la forêt, de la route et des champs alentours. Les enfants courant les premiers vers nous.

Alors nous demandons à un jeune gars s’il sait si on peut acheter du miel dans le coin. On arrive à se faire comprendre car il parle assez bien le français et il nous propose de nous conduire pour trouver celui qui vend le miel. Il grimpe à l’arrière du pick-up et on roule quelques mètres puis il tape sur le toit de la voiture pour dire qu’on s’arrête là …
Encore devant une église ! Moins grande que l’autre, mais assez importante quand même. A côté il y a le village. Diable…Il y en a partout de ces églises dans ce pays, z’ont pas chômé à l’époque!

Le jeune nous dit qu’il va voir la personne qui vend le miel et en attendant… bin le spectacle continue , et les vedettes c’est encore nous!
Soudain un enfant part en courant et arrivé à l’entrée de l’église , il crie à ceux qui chantent et prient : « bazungus»….et c’est ainsi que ce jour là Jésus n’est plus superstar et que le curé perd ses ouailles un à un, pour laisser une église désertée en moins de 5 minutes …Les gens sortent presque en courant pour venir vers nous ! Chez les enfants c’est l’effervescence ! Mon compagnon se met à rouler une clop provoquant de grands yeux ronds chez les villageois! Peut être comme souvent dans d’autres endroits ou pays ils se demandent ce qu’il fume! Je ne sais pas s’ils pensent qu’il fume de la ganja... Puis il sort son éternel zippo et là c’est l’étonnement, devant l’objet… « aaahhh » …Les gens se mettent à parler entre eux , rigolent , il y a même une petite fille qui vient toucher mon bras mais en vitesse , des fois que … ???!! Puis c’est une distribution de cigarettes roulées pour les hommes. On ne se comprend pas mais l’échange est sympathique et le tabac a l’air de leur plaire vu les hochements de tête à chaque taffe ! Ici en brousse les gens fument le plus souvent la pipe.
Il n’y a plus de chants et il n’y a plus personne dans l’église…

Notre jeune « guide » revient en nous disant qu’il n’y a pas de miel récolté , qu’il faudra revenir. C’est dommage , j’en aurai bien mangé de ce miel. Il faut dire qu’il y en a d’excellents au Burundi . Tant pis, mais nous n’aurons pas l’occasion de revenir.

Nous n’avons pas vu Mr le Curé , peut être boudait-il dans son église, fâché que nous ayons interrompu sa messe ?

Contrairement à d’autres pays africains, au Burundi il y a du monde partout si bien qu’il est difficile de trouver un coin de brousse peinard pour assouvir une envie pressante !
Très peu de blancs en brousse si bien que l’on ne passe pas inaperçus.
En tous cas ici sur ce trajet les gens ne se sont pas enfuis à la vue du muzungu*, ce qui n’est pas le cas dans tous les coins du pays, mais à ce propos je raconterai le pourquoi du comment une autre fois.


Muzungu : le blanc. Bazungus :les blancs
kalakala : longtemps longtemps.